En douze chroniques, découvrez le patron de ce site internet sous un angle nouveau : les vertus de l’homme, époux et père, telles qu’il les pratiqua dans sa vie. Une série proposée par Dominique Menvielle, ancienne directrice des revues Thérèse de Lisieux et Vie thérésienne.
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La charité, il n’y en a qu’une, c’est l’amour de Dieu qui circule… Louis savait puiser cet amour à sa source.
« Tout ce qui touchait à Notre-Seigneur le passionnait », disait Céline. Louis allait chaque jour à la messe le rencontrer dans l’eucharistie. Et, sans qu’il le sache, son amour de Jésus se doublait d’un acte de charité pour ses voisins : le bruit de la porte de la maison leur servait de réveil lorsque Louis partait à la messe !
À Lisieux, au sortir de l’église, ses filles s’étonnèrent un jour de son silence sur le chemin du retour. Il avoua alors qu’il continuait à s’entretenir avec Jésus à peine reçu ! Ce cœur à cœur de jour dans la prière le poussa à instaurer l’adoration nocturne comme il la vivait avec ses amis à Alençon. Faire des retraites à la Trappe de Soligny ou partir en pèlerinage étaient aussi ses moyens privilégiés pour manifester à Dieu sa primauté.
Sauver des âmes !
« L’Église et le Christ c’est tout un », disait Jeanne d’Arc. « Modèle foncier de vie paroissiale », écrit Céline, son père priait aux grandes intentions de l’Église et du pape, surtout en la période troublée en Italie où le pape, réfugié au Vatican, se considérait comme prisonnier.
Surtout, Louis s’intéressait au salut des âmes. Il faisait son possible pour décider un mourant à se tourner vers Dieu. Il priait et mettait toute la famille à contribution pour prier avec lui, il avait recours aussi aux clarisses d’Alençon, et plus tard aux carmélites de Lisieux. Louis parlait à ses filles et c’est ainsi que Thérèse entendit parler du meurtrier Pranzini. Il faisait également dire des messes pour les défunts.
Sa sollicitude allait surtout aux missions. L’œuvre la plus connue chez eux était la Propagation de la Foi, pour laquelle il donnait une grosse offrande. Il avait même ajouté à ses prénoms celui de Xavier, par dévotion pour l’apôtre des Indes, saint François-Xavier. Il aurait tant voulu avoir un fils missionnaire ! S’il avait su que sa fille Thérèse, carmélite, deviendrait patronne des missions et des missionnaires à l’égal de saint François Xavier…!
Aimer sa famille
On le sait, il est facile d’aimer ceux qui sont au loin… Mais Louis montrait également une véritable charité envers les plus proches. C’était son trait dominant, dit sa fille Céline.
Envers les siens, c’était normal. Encore que…. Ayant accueilli son père veuf sous son toit, Zélie écrivait de Louis : « aussi bon que Louis pour un beau-père, il ne s’en rencontrerait pas un sur cent » ! N’avait-elle pas déjà déclaré qu’elle souhaitait à toute jeune femme un mari comme le sien ?
Le fruit de sa pêche allait en bonne part aux religieuses clarisses, et à Lisieux aux carmélites. Quant aux ouvrières dentellières et employées de maison, Louis veillait à ce que rien ne leur manquât.
Durant l’occupation des Prussiens en 1870 — neuf d’entre eux étaient hébergés chez les Martin — un soldat déroba une montre. Louis porta plainte, mais, ayant appris qu’un soldat avait été fusillé pour avoir volé des œufs, il la retira aussitôt.
Prendre soin des plus fragiles
Louis avait toujours de la monnaie dans sa poche pour en donner aux mendiants qu’il rencontrait dans la rue. Sur son chemin, il trouva un homme ivre, lui offrit le bras et le reconduisit chez lui ; un autre homme étant tombé dans le caniveau, Louis ramassa sa boîte à outils et le ramena aussi à son domicile.
Il n’était pas rare qu’il donnât des inquiétudes chez lui lorsqu’on ne le voyait pas rentrer à l’heure le soir. Le connaissant, on imaginait aisément qu’il se fût attiré un mauvais coup en voulant séparer des gens qui se battaient, ou qu’il se fût noyé en portant secours à un naufragé, comme il l’avait fait un jour à Strasbourg, toujours prêt à exposer sa vie pour sauver celle d’autrui. Il avait failli être entraîné vers le fond par celui qui paralysait ses mouvements en le serrant désespérément par le cou. Un autre jour, en gare, il n’hésita pas à faire auprès des voyageurs la quête dans son chapeau pour un malade qui n’avait pas le moyen de payer son billet, et il l’installa lui-même dans le wagon.
Il n’est pas étonnant que Louis ait voulu, dans sa jeunesse, entrer chez les Pères du Grand-Saint-Bernard, religieux qui risquaient leur vie pour aller au secours des voyageurs perdus dans la montagne enneigée.
À Lisieux, membre actif de la Conférence de Saint-Vincent de Paul, il s’arrêtait souvent dans une maison pour secourir de vieilles personnes seules, à l’étonnement de ses filles qui n’imaginaient pas qu’il connaisse tant de monde dans une ville qui peu auparavant lui était inconnue.
Sur l’image souvenir de son décès, ses amis d’enfance tinrent à souligner « sa charité admirable ». Cet éloge était partagé par le curé de la famille Martin qui écrivit, à propos de son défunt paroissien : « Il ne jugeait jamais personne et trouvait toujours une excuse aux torts du prochain ».
Une modération dont les hommes d’aujourd’hui peuvent sans doute redécouvrir le sens à l’heure où chacun est censé donner son avis ou juger à propos de tout.
Dominique Menvielle
Découvrez les premiers articles de la série sur Louis Martin dans la rubrique « Découvrir » du site : (1/12) Un style d’homme (2/12) Un homme de foi (3/12) Un homme d’espérance (4/12) Un homme de charité Dans les prochains mois, vous pourrez découvrir comment Louis Martin vécut les vertus de force (5/12), prudence (6/12), tempérance (7/12), justice (8/12), courage (9/12), sagesse (10/12), droiture (11/12) et crainte de Dieu (12/12). |
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