En douze chroniques, découvrez le patron de ce site internet sous un angle nouveau : les vertus de l’homme, époux et père, telles qu’il les pratiqua dans sa vie. Une série proposée par Dominique Menvielle, ancienne directrice des revues Thérèse de Lisieux et Vie thérésienne.
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Louis Martin, homme vif, n’avait pas l’habitude de tergiverser pour prendre une décision.
À 35 ans, il tombe amoureux de la jeune Zélie Martin. Voilà qui mérite réflexion pour cet homme qui porte un grand désir au cœur : devenir saint, aimer Dieu plus que tout. Il est célibataire et demeurer vierge lui convient. Et pourtant, trois mois plus tard, il est marié. Sa jeune épouse avait, elle aussi, voulu entrer au couvent pour devenir sainte. N’ayant pas de vocation religieuse, elle avait été refusée. « Alors, avait-elle dit, je me marierai et j’aurai beaucoup d’enfants que j’élèverai pour le Ciel ».
Oui, mais… ce n’est que le soir de son mariage qu’elle apprend les modalités pour en avoir. La voilà fort troublée, ébranlée, au point que dès le lendemain, aux premières heures, les jeunes époux prennent le train pour retrouver la sage sœur aînée de Zélie, religieuse au Mans, qui saura consoler sa cadette.
Louis voyait peut-être là une réponse à son désir foncier : rester vierge. Puisque sa femme semble correspondre à ce désir, il envisage déjà cette vie à deux, dans un don complet à Dieu en se soutenant mutuellement. Ils accueillent cependant dans leur foyer un neveu orphelin, signe qu’ils n’entendent pas se replier égoïstement sur leur petit bonheur. Les mois passent et Zélie s’apaise. Elle entre peu à peu dans son rôle de femme, d’épouse et de mère, et le désir d’enfants se fait sentir. Leur confesseur les encourage tous deux dans cette voie. Et nous découvrons dans ses lettres une Zélie libérée de ses craintes, tout à la joie d’avoir successivement neuf enfants. La délicate prudence de Louis envers sa femme, lui avait permis d’avoir cette souplesse du cœur pour la rejoindre dans son désir profond, si bien qu’il put déclarer fièrement à son curé : « Voilà le premier enfant que je vous amène à baptiser, mais c’est loin d’être le dernier… »
Un homme avisé pour ses enfants… et pour gérer sa fortune
Louis veilla à écarter toute influence malsaine de son foyer. A Alençon, il passait exprès devant la maison de la nourrice où était accueillie Céline, pour se rendre compte si elle était bien soignée. Un jour, l’ayant entendu crier, il entra et la trouva seule dans son berceau. Découvrant alors que la femme buvait et ne s’occupait guère de la petite, il la retira aussitôt. Lorsqu’il devint veuf, ses amis lui conseillèrent de mettre ses filles en pension pour qu’il puisse continuer à mener sa vie. Il préféra déménager à Lisieux pour bénéficier de la proximité de leur tante Guérin. Toutefois, il ne le fit pas sans consulter ses filles pour avoir leur assentiment.
Il voulait aussi les soustraire à des milieux qu’il jugeait trop mondains. Psychologue, il savait déceler chez ses enfants la vanité et l’amour-propre, tendances qu’il ne supportait pas tant était grande sa droiture. Avec délicatesse, il savait les mettre dans la vérité sans les blesser. Par ailleurs, il savait encourager leurs aptitudes et se gardait bien d’intervenir dans leur conduite de la maison, art dans lequel elles s’initiaient avec générosité.
Habile pour les placements financiers, il savait qu’il se serait facilement laissé prendre à un jeu d’agiotage mais il géra sa fortune avec prudence et honnêteté, selon les périodes de guerre (1870) ou de prospérité, se souciant en particulier de l’avenir de ses filles.
Dans sa vie conjugale comme dans l’éducation de ses enfants et de la gestion de son patrimoine, Louis a ainsi fait preuve de vigilance et de prudence. Une belle leçon pour nous aujourd’hui dans une époque où le consumérisme est roi.
Dominique Menvielle
Découvrez les premiers articles de la série sur Louis Martin dans la rubrique « Découvrir » du site : (1/12) Un style d’homme (2/12) Un homme de foi (3/12) Un homme d’espérance (4/12) Un homme de charité (5/12) Un homme de force Dans les prochains mois, vous pourrez découvrir comment Louis Martin vécut les vertus de tempérance (7/12), justice (8/12), courage (9/12), sagesse (10/12), droiture (11/12) et crainte de Dieu (12/12). |
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