En douze chroniques, découvrez le patron de ce site internet sous un angle nouveau : les vertus de l’homme, époux et père, telles qu’il les vécut dans sa vie. Une série proposée par Dominique Menvielle, ancienne directrice des revues Thérèse de Lisieux et Vie thérésienne.
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À 35 ans, Louis Martin, célibataire sur le point de se marier, a son métier, ses amis, et aussi ses moments de retrait où il s’adonne à la lecture et à la prière. Une pensée l’habite : « L’éternité s’avance ». Sa foi lui a donné la conviction qu’il n’est que de passage ici-bas. Cette réalité que nous sommes faits pour la vie du Ciel est omniprésente dans la famille Martin. C’est le sens de l’inscription gravée sur son tombeau : « On ne sera heureux que lorsque nous serons tous réunis au Ciel ».
Le jour de son mariage avec Zélie, Louis a conscience de l’engagement de Dieu envers eux. Il y répondra en choisissant pour devise : « Dieu premier servi ». Sa foi est devenue confiance complète en la Providence. Tous les événements de sa vie, heureux ou malheureux, ont un sens. À lui de prendre le chemin de l’Évangile pour y correspondre. La manière radicale dont il le fera, loin de diminuer sa joie de vivre, lui apportera le vrai bonheur.
Louis construit donc sa vie sur l’essentiel : sa famille, sa vie sociale et sa vie ecclésiale sont vécues sur le mode de la simplicité. À quoi bon s’attacher à ce qui ne dure pas ?
Est-il benêt de ne pas ouvrir sa bijouterie le dimanche, jour d’affluence pour les emplettes ? Il choisit de donner la priorité au Jour du Seigneur.
Sa femme est-elle épuisée par les décès de leurs enfants et le surcroît de travail ? Louis abandonne son métier d’horloger pour la seconder dans son entreprise de dentelles.
Devenu veuf, avec cinq filles de 17 à 4 ans et demi à élever, choisira-t-il de les mettre en pension selon les conseils de son entourage ? Non, il préfèrera s’éloigner de tout ce qui a fait sa vie à Alençon : sa mère, sa ville, ses amis, ses activités, pour rapprocher ses filles de la bienfaisante proximité de leur tante de Lisieux.
« Donne, donne et fais des heureux », écrit-il à son aînée Marie devenue maîtresse de maison. C’est chez lui une attitude foncière : donner de l’argent à une pauvre femme que son mari abandonne périodiquement avec ses cinq enfants ; donner de son temps pour des démarches sans fin en faveur d’un pauvre découvert sous un porche et lui obtenir une place à l’hospice ; donner… et recevoir de ces pauvres en reconnaissant Jésus lui-même en eux, et en demandant à genoux leur bénédiction. Donner ses enfants à Dieu, et se donner lui-même sans rien se réserver à « l’hospice des fous » où on l’enferme par erreur de diagnostic… Mais lorsqu’à sa sortie on l’amène au parloir du Carmel pour voir ses filles religieuses, il n’a qu’un geste : l’index pointé en l’air, il prononce cette profession d’espérance bien ancrée : « Au Ciel ! »
Comment ne pas évoquer l’Évangile : « Bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de choses, je t’en confierai de plus grandes » ? Pour nous, Louis Martin est assurément un homme de confiance : nous pouvons réclamer son intercession et trouver en lui un modèle pour avancer résolument vers le Christ, notre Vie.
Dominique Menvielle
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