Les écrits de Maria Valtorta peuvent-ils être pris au sérieux pour découvrir la personnalité de saint Joseph ?
Benoît de Fleurac : Oui et pas seulement en ce qui concerne Saint Joseph. L’ensemble de ces écrits, dictés ou montrés par Jésus Lui-même à la voyante alitée, est en totale harmonie et concordance avec le récit des quatre évangélistes. Les détails rapportés renforcent d’ailleurs la cohérence de toute l’œuvre. Si ce que l’on apprend sur saint Joseph dans ces écrits ne peut être confirmé scientifiquement, le fait que beaucoup d’autres passages dans l’œuvre le soient porte à considérer comme véridique ce que l’on apprend sur lui.
Les évangiles ne parlent que très peu de saint Joseph. Qu’est-ce que les écrits de Maria Valtorta nous apprennent sur la personnalité de saint Joseph en tant qu’époux ?
On découvre que Joseph s’était consacré à Dieu et ne se destinait pas au mariage. Après avoir hérité du rameau miraculeusement fleuri qui le désigne comme futur époux de Marie de Nazareth, il avoue à sa fiancée : « Je suis naziréen (personne consacrée à Dieu, NDLR) et j’ai obéi à la convocation parce qu’elle émanait du Grand Prêtre, non par désir du mariage ». Cette scène est montrée par Jésus à Maria Valtorta qui la rapporte au 12e chapitre de son récit, L’Evangile tel qu’il m’a été révélé.
« L’immensité de cet amour puissant entre saint Joseph et la Vierge Marie sera compris par peu de personnes sur la terre »
Concrètement, comment se sont passés les débuts du ménage, selon Maria Valtorta ?
L’Annonciation et le songe de Joseph (où l’ange lui demande de prendre chez lui Marie alors qu’il avait formé le projet de la renvoyer en secret car elle était enceinte sans qu’ils aient habité ensemble) précipitèrent les noces puis la cohabitation dans la chasteté. Maria Valtorta ne rapporte pas ce songe, mais on peut le deviner par le passage du chapitre 26 de l’Evangile tel qu’il m’a été révélé, où Joseph vient demander pardon à Marie pour son soupçon, son manque de confiance. D’après le récit de Maria Valtorta (chap. 14), le mariage était initialement prévu pour l’anniversaire des 16 ans de Marie. Joseph en avait le double.
Peut-on dire que le mariage a été consommé mystiquement ? C’est-à-dire consommé sans l’être dans la chair ?
Cette vie conjugale en virginité, parfois difficile à comprendre pour nous, est explicitée par Jésus lorsqu’il dicte à Maria Valtorta le passage suivant : « Joseph de Nazareth était un juste. À lui seul pouvait être confié le Lys de Dieu (Marie). Ange, en son âme comme en sa chair, il l’aima comme aiment les anges de Dieu. L’immensité de cet amour puissant … sera compris par peu de personnes sur la terre » (chap. 136)
Pas facile à comprendre en effet…
Pourtant, cette vie en chasteté fonde en Joseph et Marie un amour authentique. Et cet amour n’est pas platonique ! Jésus le commente à Maria Valtorta avec les termes suivants : « Ceux qui pensent que l’amour de Marie pour son époux était plutôt tiède, parce qu’entre eux il n’y avait qu’une union d’esprits, sont dans l’erreur. Marie aimait intensément son Joseph. Elle lui avait consacré trente ans d’une vie fidèle. Il fut pour elle : un père, un époux, un frère, un ami, un protecteur » (chap. 42).
« C’est toute la personnalité de saint Joseph qu’on découvre grâce aux visions de Maria Valtorta. »
Quel genre de père était Joseph vis-à-vis de Jésus ?
En lisant Maria Valtorta, on comprend que Marie et Joseph se sont partagé l’éducation de Jésus, comme tout couple traditionnel. Marie s’occupait des tâches ménagères, faisait la cuisine, tissait. Et Joseph, le chef de famille, faisait son travail de charpentier, de menuisier, qu’il apprendra à Jésus (chap. 37). Mais on le voit aussi traire une chèvre. Pour l’éducation religieuse, on peut légitimement penser que les deux parents s’y sont appliqués, car chacun s’était consacré à Dieu. De toute évidence, il émane de la sainte famille sérénité et harmonie.
Joseph travaillait-il seul ou avait-il une entreprise et des salariés ?
Il semble que Joseph travaillait seul et que son fils l’a aidé dès qu’il a pu. Les épisodes de vie familiale que Maria Valtorta rapporte, comme ceux pendant l’exode en Egypte, montrent que Joseph a formé Jésus au métier de charpentier avec patience et amour. On devine, dans la sainte famille, un parfait équilibre entre prière, travail, vie familiale, tous liés les uns aux autres.
Avez-vous été surpris de découvrir telle ou telle facette de sa personnalité que vous ignoriez avant de lire Maria Valtorta ?
Les évangélistes n’évoquant pratiquement pas Joseph, c’est toute la personnalité de celui-ci qu’on découvre grâce aux visions de Maria Valtorta. Et on peut dire qu’il est tel qu’on pouvait l’imaginer : humble, travailleur, protecteur, remplissant toutes ses obligations de père de famille avec une grande douceur.
« Joseph est d’une grande simplicité psychologique, d’un grand équilibre. »
Qu’est-ce qui vous touche le plus dans la personnalité de saint Joseph tel qu’on la découvre à travers les écrits de Maria Valtorta ?
L’humilité. Cette vertu va le mener à suivre la volonté de Dieu, qui était inédite pour un homme, et qui ne se retrouvera jamais plus ensuite. Comment accepter que sa femme soit enceinte de manière surnaturelle, et que son fils soit en même temps le Fils de Dieu ? Il fallait pour cela une humilité prodigieuse ! Accepter de ne pas tout comprendre, accepter de ne pas maîtriser le cours des choses et de sa vie, s’en remettre entièrement au bon-vouloir de Dieu. Oui, je crois ce qui me touche le plus chez saint Joseph, c’est son immense humilité !
Nul besoin de lire Maria Valtorta pour savoir que saint Joseph était humble. Qu’apportent de vraiment nouveau, de neuf, les écrits de Maria Valtorta sur la vie de saint Joseph ?
Chez Maria Valtorta, rien n’est en fait « nouveau », dans le sens où rien ne vient combler une supposée lacune des évangélistes. Mais c’est toute la description physique et surtout psychologique qui y est largement décrite. Joseph nous parait ainsi beaucoup plus proche, beaucoup plus tangible.
Finalement, si vous deviez faire le portrait psychologique de saint Joseph à travers les écrits valtortiens, comment pourriez-vous décrire son tempérament ?
A la différence des Douze apôtres, qui ont chacun un psychisme bien marqué, un caractère bien trempé, (qui représentent d’ailleurs les principaux profils psychologiques que l’on retrouve chez l’homme en général), Joseph est d’une grande simplicité psychologique, d’un grand équilibre. Celui qui ressemblerait le plus à Joseph serait Jean. Joseph, comme père adoptif, et Jean, comme apôtre bien-aimé de Jésus qui reposa contre son cœur, étaient tout deux intimes du cœur du Sauveur. Joseph s’étant consacré à Dieu dès son plus jeune âge, on peut dire qu’il était déjà « divinisé ». Quel est le portrait psychologique précis d’une personne divinisée ? Y répondre n’est pas simple. On peut dire simplement que ce n’est que justice pour Jésus d’avoir un tel père, travailleur, protecteur, le Juste par excellence.
Propos recueillis par Joseph Vallançon
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