En douze chroniques, découvrez le patron de ce site internet sous un angle nouveau : les vertus de l’homme, époux et père, telles qu’il les pratiqua dans sa vie. Une série proposée par Dominique Menvielle, ancienne directrice des revues Thérèse de Lisieux et Vie thérésienne.
En vrai fils d’officier, Louis Martin avait un insurmontable courage, de la décision, de l’endurance, de l’énergie. Pendant la guerre de 1870, à 57 ans, il n’avait pas été appelé, mais il se serait bien engagé dans les francs-tireurs pour défendre sa patrie.
Il lui fallait aussi du courage pour organiser à la paroisse les heures nocturnes de prière. À un âge avancé, il choisissait de préférence les heures les plus fatigantes et changeait volontiers les horaires que lui donnait le tirage au sort, s’il se trouvait favorisé. Lorsqu’il avait une intention importante à confier à Dieu, telle la guérison d’un enfant ou le salut de la France, il partait en pèlerinage à jeun, le bâton à la main.
Courageux, il n’avait peur de rien, disait la domestique des Buissonnets qui le vit plus d’une fois accourir dès qu’il y avait péril quelque part, par exemple pour secourir sa voisine dont la maison avait pris feu. Et ses filles se souvinrent de leur peur lorsqu’il fut confronté à un taureau dans un champ, essayant de s’enfuir avec son attirail de pêche en guise de banderilles : « Remerciez le bon Dieu mes enfants ; sans sa protection, vous auriez bien failli ne plus me revoir ! »
Le courage d’affronter l’avenir
Oui, Dieu était là, toujours. Cependant, il fallait aussi à Louis une grande dose de courage pour affronter son avenir. En effet, l’une après l’autre, ses filles entreront au couvent.
En moins de dix ans, toutes lui ont annoncé leur vocation à la vie religieuse cloîtrée ! D’abord Pauline qui s’occupait si bien de l’éducation de ses petites sœurs ; puis Marie son aînée, qui surprit tout le monde par sa décision d’entrer au Carmel, elle, l’indépendante dont il pensait qu’elle resterait auprès de lui. Puis le soleil de ses vieux jours, Thérèse, sa benjamine de 15 ans, avec laquelle il affrontera les prêtres de la paroisse, du Carmel, l’évêque et son vicaire général, et jusqu’au pape (!) pour accéder à son désir, plus exactement pour répondre à l’appel de Dieu. Entre-temps, Léonie, sujette à un eczéma intolérable, enchaînera les entrées et sorties de couvent, puis Céline lui avouera sa propre vocation.
Déchu de ses droits paternels
Victime d’un AVC, malade, interné « chez les fous », il constatera sans rancœur, dans ses moments de lucidité, qu’on l’a déchu de ses droits paternels et mis sous la tutelle de son beau-frère.
Lors de son dernier séjour à Alençon, Louis, voyant la main de Dieu en tout événement, s‘était écrié : « Je suis trop heureux, je veux souffrir quelque chose pour vous, mon Dieu ». Il avait alors offert à la paroisse un autel majeur dont l’église avait besoin. Après avoir offert toutes ses filles, il s’offrait lui-même. Tel Jésus en croix, impuissant, banni de tous, abandonné, il était devenu l’homme de la déchéance, qui ne pouvait plus marcher ni parler, homme de douleurs. La Sainte Face devenait véritablement sa dévotion.
Ses filles carmélites lui avaient-elles raconté l’anecdote attribuée à la grande sainte Thérèse d’Avila, leur fondatrice ? « Mon Dieu, se serait-elle exclamée, il n’est pas étonnant que vous ayez si peu d’amis, vu comment vous les traitez ! »
Louis Martin vécut ainsi toutes les vicissitudes de la vie et les souffrances qui s’ensuivaient avec l’esprit de sacrifice propre à un homme de cœur : un cœur épris de Dieu.
Dominique Menvielle
Découvrez les premiers articles de la série sur Louis Martin dans la rubrique « Découvrir » du site : (1/12) Un style d’homme (2/12) Un homme de foi (3/12) Un homme d’espérance (4/12) Un homme de charité (5/12) Un homme de force (6/12) Un homme de prudence (7/12) Un homme de tempérance (8/12) Un homme de justice Dans les prochains mois, vous pourrez découvrir comment Louis Martin vécut les vertus de sagesse (10/12), droiture (11/12) et crainte de Dieu (12/12). |
0 commentaires