A Marseille, les 22-23 septembre, en un moment de grâce, dans une lumière pascale, sous un ciel d’azur, la France a été enlevée par le Pape François au sommeil de l’amnésie : elle a été ramenée à l’Amour de Dieu. Après une désertion spirituelle qui l’altérait et la faisait mourir de soif, elle a retrouvé les vraies sources de la vie éternelle.
Sous l’œil de leur Bonne Mère qui veille sur la Méditerranée depuis un rocher de la foi et de l’espérance, l’Eglise et le peuple de France ont rencontré le successeur de saint Pierre sous le signe de Lazare et de Marie-Madeleine, deux figures majeures des évangiles qui, selon la tradition, ont débarqué en Provence, au premier siècle de notre ère. Lazare, l’homme que le Christ avait ramené à la vie, en l’arrachant à sa tombe, Résurrection prophétique qui annonçait la victoire définitive de Pâques sur la mort. Et Marie-Madeleine, l’apôtre des apôtres, la première à avoir vu le Christ ressuscité, Dieu Fils de Dieu, maître de l’éternité.
Le chemin retrouvé du vrai bonheur
Autour du Pape étaient venues beaucoup de jeunes familles, dont les parents d’un bébé, un petit Louis, que le Saint-Père a béni pour l’avenir. Ainsi, comme une Belle au Bois dormant promise à un baptême, la France s’est réveillée. Relevée d’un lourd sommeil, elle a retrouvé le chemin du vrai bonheur, après plusieurs décennies d’assoupissement et de pesanteur matérialiste.
Au seuil de cette Provence où avait commencé son évangélisation, devant la bonhomie rayonnante du cardinal Aveline, archevêque de Marseille, la France s’est ainsi souvenue qu’elle a été chrétienne…
Elle a pu entrer ainsi dans l’espérance du troisième millénaire, comme Jean-Paul II l’y avait invitée. Disant à son tour « N’ayez pas peur », le Pape François le lui a proposé à nouveau.
Des témoins du Christ réfugiés en Provence
Il y a environ 2000 ans, selon un récit de la piété populaire que rien ne permet de réfuter, une fratrie de « migrants » est venue de Terre Sainte : Lazare, Marie-Madeleine et Marthe, dit-on, ces témoins privilégiés du Christ, se sont réfugiés sur la côte provençale, aux Saintes Maries de la Mer, sur le sol de cette Province romaine ainsi devenue un couloir de l’évangélisation au début de l’ère chrétienne.
Ces « migrants » des premiers temps du christianisme fuyaient la violence des puissants de l’Antiquité païenne, Hérode, l’empereur Auguste et les grands-prêtres jaloux du Temple de Jérusalem qui avaient condamné Jésus quelques années auparavant…
Comme l’a rappelé le Pape à Marseille, c’était sur les rives de ce « grand lac de Tibériade » que la mer Méditerranée devenait un berceau de l’évangélisation, de la Terre sainte à la Provence, et de la Grèce à Rome. C’était aussi l’heure des moissons douloureuses mais fécondes du sang des martyrs, avec le sacrifice de saint Pierre, un pêcheur d’hommes.
Devant le « cri des pauvres »
A Marseille, François a appelé à se laisser brûler par « les « saintes utopies » de fraternité et de paix qui attendent d’être réalisées », devant « les défis de la Méditerranée » et « le cri des pauvres ».
Mû par cette préoccupation pour les plus petits et les plus fragiles, il a profité de son passage dans la cité phocéenne pour condamner à la fois l’avortement et le « suicide assisté ». Pour lui, nul doute, l’euthanasie est bel et bien une « perspective faussement digne d’une mort douce, en réalité plus salée que les eaux de la mer ». Le Souverain Pontife a d’ailleurs ajouté qu’« on ne joue pas avec la vie, ni au début ni à la fin ». Poursuivant son combat majeur en faveur des migrants et des déplacés de tous bords, il a largement pointé le sort tragique des damnés de la Méditerranée qui se noient, victimes d’un « fanatisme de l’indifférence » et de trafics odieux…
Comme un signe de la Providence divine, les couleurs du stade de l’Olympique de Marseille, d’où François a salué fraternellement la France, sont les mêmes que celles de l’Argentine, la patrie du pape Bergoglio : bleu ciel et blanc immaculé, les couleurs de la bienheureuse Vierge Marie.
Retrouver l’aventure missionnaire
Désormais, la France peut renouer avec son destin d’évangélisatrice des peuples, en passant par Marseille, porte de l’Orient et interlocutrice de l’Afrique. Marseille est aussi l’étape d’un départ vers la Chine, en remontant les routes de la Soie, de l’Occident à l’Extrême-Orient, de la Méditerranée à l’Empire du milieu, dans les flux prometteurs d’une évangélisation encore inachevée.
Denis Lensel
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