Une fois de plus, une fois encore, la terre où naquit, où vécut, où mourut et ressuscita Jésus – la Terre sainte – est à feu et à sang. La raison immédiate ? L’attaque surprise et mortelle du Hamas du samedi 7 octobre sur le territoire d’Israël qui provoqua une hécatombe de victimes apparemment jusque-là inédite côté israélien. Certains commentateurs y ont même vu un « 11 septembre » israélien en référence aux attaques des kamikazes de l’air islamistes contre les Twins Towers (New York) et le Pentagone américain (Washington) en 2001.
Alors qu’Israël a mis sa machine de guerre en marche pour écraser le Hamas à l’origine du sévère « coup de couteau » que celui-ci lui a enfoncé dans les flancs, on ne peut rester indifférent à ce qui se trame sur place. D’une part pour des questions d’humanité élémentaire. D’autre part parce que cette terre où se joue le drame de la haine viscérale de deux peuples mêlés (ou à côté l’un de l’autre) nous regarde, nous Européens et occidentaux, qui plus est Français, qui sommes de près ou de loin, responsables de l’épidémie de haine dans cette terre sacrée, soit que nous ayons favorisé ou accompagné l’implantation d’un foyer juif sur place, soit que nous ayons toujours fermé les yeux ou pratiqué la politique de l’autruche vis-à-vis des excès, voire des crimes israéliens (car il y en a).
Il n’y a dans ce qui précède aucune volonté subversive à l’égard des Israéliens d’autant que leurs victimes et leurs blessés ne peuvent que susciter notre compassion. Mais il y a dans cet édito juste l’envie de poser les bonnes questions pour, très, très modestement, apporter une petite pierre de touche dans le déluge des commentaires sur les évènements dramatiques qui se jouent en ce moment.
Car enfin que veut-on ? Hurler avec les loups ? Rester muets comme une carpe ? Continuer de rester les spectateurs passifs et impuissants d’un drame séculaire qui pourrit et déstabilise la tectonique des plaques géopolitiques. Et par là-même menace la paix du monde ?
Posons-nous les bonnes questions. Et d’abord LA question, la seule importante ici : où est la justice ? Où est l’équilibre ?
Pour ne pas hurler ni rester muet, prenons de la hauteur et posons-nous les bonnes questions.
Et d’abord LA question, la seule d’ailleurs que nous formulerons ici et qui est tellement fondamentale qu’elle englobe tant le domaine politique que religieux et qu’elle rejoint chaque destinée humaine et pas seulement nationale :
Où est la justice ? Où est l’équilibre (puisque là, au fond, se retrouve le fondement de toute justice comme l’illustre le symbole de la balance cher à tout juriste et à tout juge) ?
Où sont les terroristes, ceux qui littéralement sèment la terreur et ne croient qu’à la force des armes et de la violence ? Ne sont-ils que du côté du Hamas ? Israël n’a-t-il pas employé la terreur à certains moments depuis que les juifs se sont réimplantés dans cette région du monde ? Pour un mort israélien, combien de morts palestiniens ?
La loi du talion (« œil pour œil, dent pour dent »), ancrée dans l’histoire d’Israël au sens biblique comme au sens temporel, est-elle juste alors qu’un Juif, Jésus, a appris à ses frères de race et à tout homme, que le sommet de la paix est le pardon et que, Jésus ayant signé de son sang cela, l’ère du talion ne fut plus, dans l’ère chrétienne qui est encore la nôtre (si j’en crois mon calendrier) et au moins dans les pays de confession chrétienne, la panacée pour résoudre les litiges aussi conflictuels fussent-ils ? Une justice plus haute, plus fine, plus pure que celle de la loi du talion n’existe-t-elle pas ?
Où est la Justice ? Question simple et ardue à la fois tant les intérêts et les passions peuvent se mêler à la réponse.
Renversons donc la question : où est l’injustice ?
Du côté du peuple palestinien enfermé dans la « prison à ciel ouvert » qu’est la bande de Gaza et qui n’a d’autre horizon que celui de vivre comme des « animaux humains » selon l’expression employée par le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, quelques heures après l’attentat du Hamas ? Ou l’injustice est-elle du côté israélien, souverain sur son territoire et bardé d’armes de haute technologie ? Rappelons juste que c’est Israël qui détient en grande partie les clefs pour que les Gazaouis aient accès aux ressources essentielles (eau, nourriture, électricité et médicaments, etc.) et ce, depuis plusieurs années.
Pour ne pas être plus long (car il faudrait des pages et des pages pour balayer le sujet), rappelons-nous cette formule de bon sens écrite au XIXe siècle par l’historien et juriste français François-Auguste Mignet : « Il faut condamner celui qui fait la guerre mais il faut encore plus condamner celui qui a rendu la guerre inévitable. »
Qui donc a rendu la guerre inévitable ? Ou qu’est-ce qui a rendu la guerre inévitable ?
En répondant à cette question, nous aurons le moyen d’amorcer la paix. D’engager un « processus de paix », dirions-nous en langage politique.
Mais il faudra de la force et de l’humilité. Des deux côtés. Mais surtout du côté des puissances occidentales qui, seules, peuvent conduire le dialogue dans ce Proche-Orient où les murs et la surdité ne sont pas près de tomber sans une volonté extérieure. Qui aura ce courage-là ?
PS pour éviter tout malentendu. Cet édito ne justifie ni ne cautionne l’attentat terroriste du Hamas du 7 octobre : s’en prendre à des civils sera toujours un acte barbare. Mais sur cette question israélo-palestinienne, il faut revenir à un point d’équilibre, de justice. C’était-là le questionnement de cet édito.
Joseph Vallançon
J’étais d’accord avec le fond de cet édito « cherchons le juste » quand il est paru. Je le suis encore plus à ce jour (20 novembre). Nous avons tous une responsabilité en tant que parties prenantes de l’opinion publique (nationale et internationale) qui doit peser pour stopper le traitement inhumain (= comme du bétail parqué) infligé à un peuple dont les enfants vont rêver de venger leurs parents victimes de la réplique brutale quoique rationalisée d’Israël à l’odieux attentat du 7 octobre.
La loi du plus fort, c’est parfait pour les animaux, pour les humains, ça ne marche pas. Après Beghin et Sadate, quand se lèveront de nouveaux prophètes de paix en Terre sainte ?