Le 22 août, l’Église célèbre la royauté de la Mère de celui dont « le règne n’aura pas de fin » (Lc 1, 33). Elle reconnaît la puissance de son intercession, puisque le Père a voulu que la mère de son Fils soit aussi notre mère et notre reine.
Cet aspect triomphal de la royauté de Marie, si cher aux Églises d’Orient, me touche moins que sa maternité. Je reconnais que le peuple chrétien salue en elle sa reine depuis des siècles, mais comme Thérèse de Lisieux, je trouve que Marie est plus mère que reine. Ou bien, si elle est reine, c’est d’abord parce qu’elle est mère, et qu’elle préfigure l’Église du ciel.
Louis-Marie Grignion de Montfort affirme au début de son célèbre Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge : « C’est par la Très Sainte Vierge Marie que Jésus-Christ est venu au monde, et c’est aussi par elle qu’il doit régner dans le monde ». Il veut régner en nous par sa mère, d’où l’importance de lui consacrer chaque jour tout notre être, comme l’écrit Montfort : « Je te choisis, aujourd’hui, ô Marie, en présence de toute la cour céleste, pour ma mère et ma reine ».
Chevalier de l’Immaculée
Un autre grand apôtre marial, Maximilien Kolbe, fêté dans l’Église le 14 août, honore aussi la maternité et la royauté de Marie par un acte de consécration qu’il a composé et qui commence ainsi :
« Daigne recevoir ma louange, ô Vierge bénie !
Immaculée Conception, Reine du ciel et de la terre,
Refuge des pécheurs et Mère très aimante
à qui Dieu voulut confier tout l’ordre de la miséricorde ».
Je suis toujours ému par ce prêtre qui a offert sa vie à la place d’un autre prisonnier à Auschwitz, un père de famille, comme moi. Cette fin héroïque, à l’âge de quarante-sept ans, est l’aboutissement logique de sa vie vertueuse, totalement vouée à Marie Immaculée, qu’il appelait affectueusement « Petite Mère ». Par son martyre, survenu la veille de l’Assomption, nous célébrons la victoire du Christ ressuscité sur la haine et le mal, au-delà de toutes les formes de totalitarisme.
Marie lui apparaît dès l’âge de dix ans en lui présentant deux couronnes, une blanche et une rouge, symbolisant la pureté et le martyre. Elle l’invite à choisir; spontanément, il accepte les deux. Le 4 septembre 1910, il revêt l’habit franciscain. C’est à Rome qu’il fonde avec six amis étudiants, en octobre 1917, ce qui sera l’œuvre de sa vie : la Milice de l’Immaculée, que l’on traduit en français, par la Mission de l’Immaculée.
Ordonné prêtre le 28 avril 1918, Maximilien commence en 1922 la publication du mensuel Le Chevalier de l’Immaculée, dont le tirage atteindra près d’un million d’exemplaires. Il fonde le monastère de Niepolalanov : la Cité de l’Immaculée.
Le 30 janvier 1930, il se rend en pèlerinage à Lourdes, puis à la chapelle de la Médaille miraculeuse à Paris. Il écrit qu’au long de la Grotte et du Gave, « [il] parle avec la Petite Mère, [il] lui dit qu’[il est] entièrement à elle, d’âme et de corps. » Le 1er février, il se trouve à Lisieux, où il confie à la patronne des missions la fondation de la Mission de l’Immaculée au Japon.
Le don ultime
Le père Kolbe est fait prisonnier au camp d’Auschwitz en 1941. En raison d’une évasion dans le camp, dix hommes sont choisis pour mourir de faim et de soif, dont François Gajowniczek, ex-soldat de l’armée polonaise. Celui-ci dit en sanglotant : « Adieu, ma pauvre femme, adieu, mes pauvres enfants, vous voilà orphelins! »
Touché de compassion par la détresse de ce papa, Maximilien sort des rangs et va se substituer à ce père de famille qu’il ne connaît pas. Il meurt le dernier dans le bunker de la faim, le chapelet à la main. Son corps est brûlé au four crématoire le 15 août. Il est canonisé en octobre 1982 par Jean-Paul II, en présence du père de famille qu’il a sauvé. Décédé en mars 1995, celui-ci est enterré au cimetière des frères mineurs conventuels, à la place réservée au père Kolbe. C’était dans le cours naturel des choses divines.
Jacques Gauthier
Pour aller plus loin :
Sur le même sujet, Jacques Gauthier a écrit : Neuvaine à l’Immaculée avec Maximilien Kolbe (édition Marie de Nazareth, 2022)
Sur le blog de l’auteur, on peut aussi lire l’article suivant : Saint Maximilien Kolbe, tiré d’un chapitre de son livre Les saints, ces fous admirables (Béatitudes/Novalis).
À noter enfin la parution en octobre 2023 de Méditer la Parole avec la Vierge Marie (Artège).
0 commentaires