
Mes chers amis,
L’homme a été façonné pour le mouvement. Depuis les premiers jours de son existence, il a couru, grimpé, nagé, chassé. Son corps n’est pas une prison pour son âme, mais un instrument, une architecture créée par Dieu pour le service et l’action. Pourtant, à mesure que les siècles ont avancé, l’homme s’est assis. Il s’est installé dans un confort moderne où l’effort physique est devenu une option, parfois même un luxe réservé aux salles de sport. Et lorsqu’il redécouvre l’importance du corps, il oscille entre deux extrêmes : la négligence ou l’obsession. Pourtant, la vigueur physique est un don à cultiver avec sagesse, sans excès ni détournement.
Un corps à l’image de l’être : un appel pour tous
Il fut un temps où l’homme puisait sa force dans la nature et le travail manuel. Aujourd’hui, la majorité d’entre nous passons nos journées enfermées entre quatre murs, les yeux rivés sur un écran. Nous nous contentons d’une existence cérébrale, oubliant que nous sommes corps et âme, appelés à honorer ce que Dieu nous a donné. Cet appel ne se limite pas à ceux qui jouissent d’un corps sans entrave. Les hommes atteints de handicap nous rappellent avec force que la virilité ne réside pas dans la perfection physique, mais dans la capacité à affronter la vie avec courage et persévérance. Beaucoup d’entre eux trouvent dans le sport une voie de dépassement, où la force ne se mesure pas en puissance, mais en résilience et en maîtrise de soi. Celui qui, malgré ses limites, choisit de s’exercer, de cultiver l’effort et la discipline, témoigne d’une vigueur intérieure qui dépasse celle du plus grand des athlètes. La véritable virilité ne dépend pas de la robustesse d’un corps, mais de l’être qui l’anime.
L’homme qui sait maîtriser son corps, qui l’entretient sans en faire une divinité, est souvent celui qui sait aussi maîtriser son esprit. Mais attention, il ne s’agit pas de tomber dans l’autre extrême : celui de l’obsession du sport, où le corps devient une idole et l’exercice un échappatoire. Certains s’acharnent à la salle de sport non pour répondre à l’appel de Dieu, mais pour fuir un foyer difficile, un travail pesant, une solitude qu’ils ne veulent pas affronter. Il ne sert à rien de sculpter un corps d’athlète si l’être, lui, est abandonnée à la paresse et au vide.
Saint Jean-Paul II et l’exemple du sportif chrétien
Si nous devons chercher un modèle d’équilibre entre foi et vigueur physique, regardons saint Jean-Paul II. Ce pape, que l’on imagine souvent comme un homme d’étude et de prière, était aussi un amoureux du sport. Il skiait, il faisait de la randonnée, il aimait sentir la force du vent et la robustesse de son corps en action. Il ne voyait pas dans le sport une simple activité récréative, mais une manière d’élever l’homme, de lui apprendre la discipline, la persévérance et l’humilité face à l’effort.
Il nous rappelle que le sport n’est pas un but en soi, mais un moyen. Il nous enseigne le respect des limites, l’endurance, l’esprit d’équipe, l’acceptation de la défaite et le dépassement de soi. C’est une école de la vie, mais une école qui ne doit pas supplanter l’essentiel : l’élévation de l’âme.
L’équilibre entre discipline et addiction
Comme en toute chose, l’homme doit apprendre à discerner. Un entraînement physique bien ordonné est un bien. Mais, si le sport devient une obsession, un refuge contre ses responsabilités, il perd sa valeur. L’homme qui fuit dans l’effort physique ce qu’il refuse d’affronter dans sa vie quotidienne n’a pas compris le vrai sens de la vigueur.
À quoi reconnaît-on l’homme qui n’a pas franchi la frontière entre obsession et discipline ? Il est ce valeureux guerrier qui, tel un chevalier moderne, défend son programme d’entraînement comme une relique sacrée. Il ne va pas à la messe, mais « il compense avec sa séance de cardio ». Il ne passe pas de temps avec ses enfants, mais il leur promet qu’un jour, ils admireront ses exploits au triathlon. Et que dire de celui qui choisit sa salle de sport non pour l’efficacité des équipements, mais pour la qualité des miroirs dans lesquels il contemple sa propre grandeur ?
Soyons honnêtes : si l’idée de manquer une séance vous terrifie plus que l’idée de manquer un moment de prière ou un devoir familial, c’est que votre équilibre est à revoir. Il ne s’agit pas de renoncer à l’effort physique, mais de le replacer à sa juste place. Le sport doit être un service rendu à l’homme, non une chaîne qui l’entrave.
Faire du sport une discipline ajustée
Alors, comment intégrer l’effort physique dans une vie d’homme chrétien sans tomber dans l’obsession ?
Plutôt que de transformer votre séance de sport en un culte quotidien dédié au culte du muscle, prenez le temps d’en faire un acte d’offrande. Montez sur votre vélo comme vous monteriez sur un cheval de bataille, et d’ailleurs, pourquoi ne pas réellement monter à cheval ? Depuis des générations et dans d’innombrables civilisations, l’équitation a forgé les hommes, les rendant à la fois maîtres de leur monture et serviteurs d’une discipline exigeante. Chevaucher, ce n’est pas simplement avancer, c’est apprendre la patience, l’humilité et la maîtrise de soi. Le cheval ne se dompte pas par la force, mais par la constance et l’écoute. Le cavalier apprend à chuter et à se relever, à comprendre que l’équilibre ne vient pas d’une crispation de volonté, mais d’une harmonie entre l’effort et la souplesse. L’équitation est un sport viril par excellence, non parce qu’il glorifie la force brute, mais parce qu’il enseigne le contrôle, le respect et la confiance. Si vous cherchez une discipline qui élève l’âme autant que le corps, alors montez en selle et laissez-vous instruire par l’animal noble entre tous. Ce n’est qu’un exemple, bien entendu beaucoup d’autres sports ont les mêmes vertus – quoi que… Galopez comme on chemine vers Dieu, avec effort et patience, et non comme un fugitif poursuivi par son propre vide intérieur. Souvenez-vous que le but n’est pas de sculpter une statue grecque, mais de répondre à l’appel du Christ qui nous veut forts et prêts à agir.
Et si, après votre entraînement, vous ressentez cette petite satisfaction d’avoir repoussé vos limites, offrez-la à Dieu. Un moine laboure la terre en chantant des psaumes, pourquoi ne pas sanctifier vos pompes et vos tractions de la même manière, en vous mettant en disposition d’offrande auprès de nos frères souffrants ?
Un défi pour cette semaine
- Choisissez une activité physique à pratiquer non pour flatter votre égo, mais pour honorer votre corps et discipliner votre esprit.
- Réfléchissez à votre rapport au sport : est-il un outil d’équilibre ou une fuite ?
- Méditez sur l’exemple de saint Jean-Paul II et demandez-vous comment intégrer l’effort physique à votre vie de foi.
Mes amis, un homme n’est pas grand par la dimension de ses muscles, mais par la force de son engagement. Que votre vigueur soit au service du bien, et non d’une vaine gloire.
Fraternellement vôtre,
Dr XY
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