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Cet enregistrement est proposé par Paul de Launoy, comédien, auteur, metteur en scène et formateur. Père de six enfants, Paul de Launoy a suivi sa formation dramatique au Cours René Simon (Paris). Avec la compagnie ARGILIS qu’il a créée en 2018, avec Frédéric Hamaide, il travaille régulièrement sur des projets pour le théâtre. Il enseigne depuis quelques années à l’ICES (Vendée) et à l’EM-Normandie (Dublin).
Mes chers amis,
Il est des hommes qui parlent trop et d’autres qui ne parlent pas assez. L’un inonde son entourage de paroles inutiles, convaincu que son flot verbal prouve sa sagesse. L’autre se retranche dans un silence bourru, persuadé qu’un homme digne de ce nom n’a pas à s’abaisser à expliquer ses pensées. Et pourtant, ni l’un ni l’autre n’ont compris l’art du dialogue viril.
Un sage sait que la parole doit être pesée comme l’or dans la balance. Il sait qu’un mot mal placé peut blesser plus profondément qu’une lame et qu’un silence injuste peut être un abandon coupable. La parole virile ne bavarde pas, elle construit ; elle n’écrase pas, elle élève.
La parole virile élève et n’écrase pas
La Bible nous rappelle avec force : « La mort et la vie sont au pouvoir de la langue » (Proverbes 18, 21). Un homme véritable ne parle pas pour le plaisir d’entendre sa propre voix, mais pour édifier. Trop souvent, nous usons des mots comme des marteaux, non pour bâtir, mais pour démolir. Un reproche lancé sans amour, une critique acide, une moquerie humiliante… Combien de cœurs ont été brisés par des paroles qu’on croyait anodines !
Prenez un père de famille. Il est fatigué après sa journée de travail et voit son fils renverser un verre d’eau sur la table. Que dit-il ? « Bon sang, tu es maladroit, tu ne fais jamais attention ! » Ou bien choisit-il une parole qui redresse sans écraser : « Ce n’est pas grave, mais fais attention la prochaine fois » ? La différence est immense. Dans un cas, l’enfant se sent diminué. Dans l’autre, il se sent corrigé sans être méprisé.
Un homme viril sait manier les mots avec justesse. Il sait que sa parole doit être un refuge pour les siens, non une menace. Il sait aussi que le silence a parfois plus de poids que mille discours. Ne dit-on pas que le sage se tait plus qu’il ne parle ? Trop de paroles vides affaiblissent l’autorité et diluent la vérité. Un regard posé avec gravité, une main sur l’épaule, un hochement de tête peuvent parfois enseigner bien plus qu’un long sermon.
Savoir dire non avec la tendresse virile de Dieu
Refuser n’est pas écraser. Trop d’hommes confondent fermeté et dureté. Certains veulent imposer leur volonté avec une autorité inflexible, pensant que dire non, c’est écraser l’autre sous un couperet sans appel. D’autres, par peur du conflit, évitent tout refus, préférant la fuite à l’affrontement. L’un et l’autre se trompent.
Regardez le Christ. A-t-Il jamais reculé devant un non nécessaire ? Il n’a pas hésité à dire à Pierre : « Arrière de moi, Satan ! » (Matthieu 16, 23) quand ce dernier voulait l’éloigner de sa mission. Mais a-t-Il dit ce non avec mépris ? Non, Il l’a dit avec amour, avec fermeté, mais dans le but de faire grandir.
Un père qui aime vraiment ses enfants leur dit non. Un époux qui respecte sa femme sait poser des limites. Un homme qui veut grandir spirituellement apprend à se dire non à lui-même. Mais ce non doit être un tremplin et non un mur. Il doit être dit avec bienveillance, avec la tendresse virile de Dieu, celle qui corrige pour élever et non pour écraser.
Jeter la première pierre… ou enlever la poutre de son œil ?
Nous sommes prompts à juger, prompts à corriger, prompts à reprendre les autres. Mais avons-nous pris le temps d’examiner notre propre cœur ? Le Christ nous l’enseigne : « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? » (Matthieu 7, 3).
Avant de reprendre son épouse sur son manque d’attention, a-t-on réfléchi à ses propres absences ? Avant de critiquer un collègue sur son manque de rigueur, a-t-on examiné son propre travail ? Avant de sermonner un enfant sur son impatience, a-t-on pris conscience de ses propres emportements ?
Un homme sage sait que l’exemplarité précède la parole. Il sait que son autorité sera bien plus efficace s’il vit ce qu’il enseigne. Rien n’est plus insupportable qu’un homme qui exige de son entourage ce qu’il n’est pas capable d’appliquer à lui-même.
Un défi pour cette semaine
- Avant de parler, prenez une seconde pour vous demander : est-ce que ma parole élève ou écrase ?
- Lorsque vous dites non, faites-le avec fermeté, mais avec bienveillance.
- Avant de reprendre quelqu’un, examinez d’abord votre propre comportement. N’oubliez pas que la poutre peut être bien plus lourde que la paille…
Mes amis, un homme ne se définit pas par le nombre de mots qu’il prononce, mais par la sagesse de ceux qu’il choisit. Que vos paroles soient des piliers, non des ruines. Que votre silence soit un refuge, non une fuite. Et que votre autorité se manifeste dans l’exemple bien avant les discours.
Fraternellement vôtre,
Dr XY

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