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Cet enregistrement est proposé par Paul de Launoy, comédien, auteur, metteur en scène et formateur. Père de six enfants, Paul de Launoy a suivi sa formation dramatique au Cours René Simon (Paris). Avec la compagnie ARGILIS qu’il a créée en 2018, avec Frédéric Hamaide, il travaille régulièrement sur des projets pour le théâtre. Il enseigne depuis quelques années à l’ICES (Vendée) et à l’EM-Normandie (Dublin).
Mes chers amis,
La figure du père est aujourd’hui malmenée. Certains le perçoivent comme une autorité oppressante, d’autres comme une figure dépassée, dont on pourrait se passer. Pourtant, la paternité est une colonne vertébrale, une force discrète mais essentielle sans laquelle le monde vacille. Qu’il soit père de sang, père adoptif, père spirituel, chaque homme est appelé à être un pilier, un guide, un roc sur lequel d’autres pourront s’appuyer. Et s’il est vrai que beaucoup ont été privés d’un père, cela ne signifie pas qu’ils doivent être privés de paternité.
Saint Joseph, éducateur et guide, père biologique ou pas…
Si un homme peut incarner la paternité dans toute sa noblesse, c’est bien saint Joseph. Il n’a pas engendré le Christ, et pourtant il a été son père. Il ne s’est pas imposé par la parole, mais par l’exemple. Il a porté, protégé, enseigné. Il a travaillé dans l’ombre, veillant sur Jésus et Marie avec une fidélité inébranlable tout en étant ajusté à la volonté de Dieu. Il est le modèle parfait du père : juste, humble, silencieux, fort et aimant.
Joseph nous apprend que la paternité ne réside pas dans la seule transmission du sang, mais dans l’accueil, la responsabilité et le don de soi. Un homme devient père lorsqu’il se fait protecteur, lorsqu’il instruit, lorsqu’il élève l’autre au-dessus de lui-même. C’est pourquoi un homme sans enfant peut être père. Un prêtre est père spirituel de ses fidèles. Un enseignant, un mentor, un frère aîné peuvent incarner cette paternité. Car être père, c’est avant tout donner une direction, transmettre un héritage, être un phare dans la nuit.
Saint Joseph fut un éducateur exemplaire, non par des discours, mais par une vie droite et fidèle. Il n’avait rien à apprendre au Fils de Dieu, mais il lui a offert un cadre humain dans lequel il a grandi. Il lui a transmis l’art du travail, la patience du labeur quotidien, la dignité du service. Il a été un exemple constant de droiture et de fidélité, un témoin silencieux du Père céleste. Dans cette maison de Nazareth, Jésus a vu en Joseph un homme de foi, un homme qui obéissait à Dieu sans hésitation, qui aimait sans mesure, qui portait avec force et humilité les responsabilités qui lui étaient confiées. L’homme qui veut être un bon père doit suivre son exemple : montrer la voie plutôt que l’imposer.
Un père selon le cœur de Dieu est d’abord un protecteur. Il veille sur ceux qui lui sont confiés comme un berger sur son troupeau. Il ne domine pas, il élève. Il ne s’impose pas, il soutient. Sa force n’est pas une menace, mais un abri. Sa présence, discrète et forte, est un rempart contre le chaos du monde et un refuge pour les âmes fragiles qui grandissent sous son ombre. Il exerce son autorité non comme un glaive qui tranche, mais comme un bouclier qui protège. Il est un guide, un phare dans la nuit, non pas pour tracer chaque pas, mais pour éclairer la voie par l’exemple, la patience et la droiture. Un enfant apprend davantage par ce qu’il contemple que par ce qu’il entend : un père véritable n’est pas un homme de slogans, mais de constance. Il enseigne le prix de l’effort, la noblesse du devoir, la grandeur d’une vie ordonnée.
Mais un père est aussi celui qui coupe. Il sépare l’enfant de la fusion originelle avec la mère, non pour rejeter, mais pour libérer. Il bénit, c’est-à-dire qu’il nomme, qu’il affirme, qu’il appelle à grandir. Il trace les frontières, non pour enfermer, mais pour donner un cap. Il fait sortir au-dehors, vers la lumière, vers le monde, vers la vocation propre. Sans ce geste viril — ferme, tendre, et parfois douloureux — l’enfant reste captif. Il devient dépendant, replié sur un ventre devenu prison. Un père, en vérité, arrache à l’indifférencié pour introduire dans le réel. Il initie à la liberté, il donne le goût du risque et la force de tomber sans se briser.
La paternité n’est pas une fonction biologique, c’est une mission
Un bon père est un homme de prière. Comme Joseph, il se tient en silence devant Dieu, non pour fuir, mais pour recevoir. Il sait qu’il ne peut être père par lui-même. Sa mission le dépasse : il n’est pas source, il est canal. Sans lumière divine, il s’égare et éteint. Mais guidé par Dieu, il apprend à ses enfants à lever les yeux, à voir plus loin que l’immédiat, à chercher l’éternel dans l’ordinaire.
Il est aussi patient et miséricordieux. Il sait que l’éducation est un long labeur. Il corrige sans blesser, encourage sans flatter, reprend sans humilier. Il ne désespère pas, même face à l’échec. Il recommence, comme Dieu le fait pour chacun de nous. Car l’amour véritable n’est pas une émotion, c’est une persévérance.
Enfin, un père selon le cœur de Dieu est fidèle. Il tient sa place, même quand cela lui coûte. Il ne fuit pas l’épreuve. Il demeure. Joseph ne s’est pas dérobé devant l’inconnu. Il a accueilli l’inattendu avec courage. Un père véritable n’abandonne pas son poste. Il reste, roc stable dans la tourmente, repère au milieu du vertige.
Mais aujourd’hui, nombreux sont ceux qui souffrent d’une paternité empêchée. Certains n’ont pas eu d’enfants. D’autres ont été arrachés à leur mission par des séparations douloureuses ou des lois injustes. D’autres encore grandissent sans père. À tous ceux-là, l’Église rappelle ceci : la paternité n’est pas une fonction biologique, c’est une mission. Tout homme est appelé, d’une manière ou d’une autre, à être père — à bénir, à guider, à séparer pour faire grandir. Le monde a un besoin urgent de ces hommes qui, debout dans la tempête, redonnent aux enfants un cap et une racine. Être père, c’est poser sa vie pour ceux qu’on aime. Ce n’est pas posséder. C’est transmettre. Et cela ne finit jamais.
Transmission et patience, un homme à genou face à son Dieu
Être père, c’est transmettre. Mais que transmettons-nous ? Des idées, une foi, une manière d’être au monde ? Nous n’éduquons pas seulement par la parole, mais d’abord par la vertu. Un père qui prie enseigne la prière. Un père qui se tient droit dans l’adversité enseigne le courage. Un père qui aime la vérité enseigne l’intégrité. Nos enfants, nos amis, ceux qui nous regardent, n’apprennent pas ce que nous disons, mais ce que nous sommes.
Et pour être un bon père, il faut d’abord se reconnaître fils. Un fils de Dieu. L’homme qui ne se tient pas à genoux devant son Père céleste aura du mal à se tenir debout devant les siens. Un père qui ne prie pas, qui ne s’abandonne pas à la volonté divine, risque de se perdre dans son propre orgueil ou ses propres blessures. Joseph lui-même n’a pas mené sa mission seul : il a écouté Dieu, il a obéi aux anges, il s’est laissé guider. Le père véritable n’est pas celui qui impose sa volonté, mais celui qui cherche à accomplir celle de Dieu.
Un défi pour cette semaine
- Identifiez une personne pour qui vous pouvez être une figure paternelle, et agissez en conséquence.
- Si vous êtes père, méditez sur saint Joseph et demandez-lui de vous aider à incarner pleinement ce rôle.
- Si vous avez souffert de l’absence d’un père, offrez cette blessure à Dieu et cherchez en Lui le modèle du père parfait.
Mes amis, être père est un honneur et une responsabilité. Que nous ayons des fils, des filles, ou aucun enfant, nous sommes tous appelés à incarner cette force qui élève, qui protège et qui guide. Que saint Joseph nous enseigne la patience et la grandeur de cette mission.
Fraternellement vôtre,
Dr XY
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