
Mes chers amis,
Nous avons vu que la virilité selon le Christ repose sur l’alliance entre force et amour, entre fermeté et tendresse. Mais comment cette harmonie s’incarne-t-elle concrètement ? Aujourd’hui, je veux vous parler d’une réalité essentielle : l’autorité véritable, celle qui protège et élève, et non celle qui écrase et domine.
Adam et le premier échec de l’autorité.
Si nous retournons aux origines, nous trouvons en Adam le premier homme à qui Dieu confie une mission précise : cultiver et garder le jardin (Genèse 2,15). Il est donc, dès l’aube de l’humanité, appelé à être non seulement un bâtisseur mais aussi un protecteur. Pourtant, lorsque le serpent s’approche d’Ève, Adam brille par son absence. Il n’empêche pas la tentation, il ne se dresse pas en gardien, et lorsque vient le moment de choisir, il cède sans résister.
Le péché originel commence bien avant la morsure du fruit. Il commence avec un homme qui n’a pas assumé son rôle, qui a laissé sa compagne affronter seule l’ennemi. Loin de la force protectrice à laquelle il était appelé, Adam est passif. Et lorsqu’il faut rendre des comptes, il se défausse sur Ève : « La femme que tu as mise auprès de moi m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé. » (Genèse 3,12). Au lieu de prendre la responsabilité de son échec, il se cache derrière elle.
C’est ici que nous voyons l’une des plus grandes faiblesses de l’homme : fuir son devoir d’autorité véritable. Une autorité qui protège, qui garde, qui prend soin, au lieu d’exploiter ou de dominer.
Autorité et autoritarisme : une confusion dangereuse
Beaucoup d’hommes redoutent aujourd’hui d’exercer leur autorité, par peur d’être perçus comme oppresseurs. Et à juste titre, car l’histoire est jalonnée d’abus de pouvoir. Mais il faut distinguer deux choses :
- L’autorité véritable est celle qui élève l’autre, qui l’aide à grandir et à s’accomplir. Elle est ancrée dans la vérité et dans le service. Elle ne s’impose pas par la force, mais elle se fait respecter par sa légitimité et son amour.
- L’autoritarisme, au contraire, repose sur la domination. Il cherche non pas à servir mais à se faire servir. Il impose, écrase, manipule. Il est souvent le masque d’une grande insécurité intérieure.
Un homme d’autorité n’a pas besoin de crier ni de menacer. Son autorité repose sur la force de son caractère, la clarté de ses décisions, la justesse de ses paroles. Jésus lui-même est notre modèle : jamais il ne contraint, jamais il ne force. Il enseigne, il guide, il pose des exigences claires, mais toujours dans l’amour. Lorsqu’il chasse les marchands du Temple, ce n’est pas pour asseoir son pouvoir, mais pour restaurer l’ordre voulu par son Père.
Dans nos familles, dans notre travail, dans nos engagements, notre autorité doit être un refuge, non une prison. Un père qui exerce son autorité avec justice et amour donne à ses enfants la sécurité dont ils ont besoin pour grandir. Un époux qui sait prendre des décisions fermes, mais toujours en concertation avec sa femme, instaure un climat de confiance et de respect.
Se laisser sacrifier : la vraie puissance de l’homme
Mais il y a une autre dimension de l’autorité que le Christ nous enseigne : l’offrande de soi. Un homme accompli n’est pas celui qui cherche à être servi, mais celui qui accepte de se donner.
Regardons la Croix. Jésus, le Roi de l’univers, y est suspendu, humilié, dépouillé de tout. Aux yeux du monde, il semble anéanti. Mais c’est là, dans cet apparent échec, que se révèle la plus grande victoire de l’histoire. Car en se livrant totalement, il nous rachète. Il nous montre que la vraie puissance ne réside pas dans la domination, mais dans le don total de soi.
Être un homme, ce n’est pas écraser, ce n’est pas imposer son propre désir, ce n’est pas chercher son confort au détriment des autres. C’est accepter de se laisser sacrifier pour ceux qu’on aime. Cela peut vouloir dire renoncer à une carrière brillante pour être plus présent auprès de sa famille. Cela peut vouloir dire endurer des critiques en défendant la vérité. Cela peut vouloir dire se lever plus tôt, travailler plus dur, faire passer les besoins des autres avant ses propres envies.
Dans un monde qui glorifie l’égoïsme et la facilité, cet appel au sacrifice semble fou. Mais c’est le seul chemin vers une virilité accomplie. Jésus ne nous demande pas d’être des hommes sans force, mais des hommes qui mettent leur force au service du bien.
Concrètement, comment vivre cette autorité juste ?
- Prenez vos responsabilités sans attendre qu’on vous y oblige. L’homme vrai n’attend pas que les choses se fassent toutes seules. Il voit ce qui doit être fait et il agit.
- Soyez des gardiens. De votre famille, de votre épouse, de vos enfants, mais aussi de la vérité, de la justice, du bien. Ne laissez pas le mal agir sans réagir.
- Acceptez d’être remis en question. L’autorité véritable n’a pas peur de reconnaître ses erreurs et d’apprendre.
- Mettez votre force au service des autres. Que votre autorité soit un appui, et non un fardeau pour ceux qui vous entourent.
- Apprenez à vous donner. L’homme accompli est celui qui sait se sacrifier par amour, et non celui qui cherche à accumuler les privilèges.
Un défi pour cette semaine
Observez votre manière d’exercer votre autorité. Êtes-vous trop passif, à l’image d’Adam, laissant les choses se faire sans intervenir ? Ou bien avez-vous tendance à vouloir tout contrôler ? Cherchez l’équilibre : soyez ferme sans être rigide, décisif sans être dominateur, fort sans être oppresseur. Et surtout, demandez-vous : dans mon rôle d’homme, de père, d’époux, d’ami, est-ce que je me donne vraiment ?
Que le Christ, roi serviteur, vous apprenne à être des hommes selon son cœur.
Fraternellement vôtre,
Dr X.Y.
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