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Cet enregistrement est proposé par Paul de Launoy, comédien, auteur, metteur en scène et formateur. Père de six enfants, Paul de Launoy a suivi sa formation dramatique au Cours René Simon (Paris). Avec la compagnie ARGILIS qu’il a créée en 2018, avec Frédéric Hamaide, il travaille régulièrement sur des projets pour le théâtre. Il enseigne depuis quelques années à l’ICES (Vendée) et à l’EM-Normandie (Dublin).
Mes chers amis,
Il est une image biblique qui parle à tout homme : celle du pilier. Non pas celui qui s’effrite à la première secousse, mais celui qui soutient l’édifice. Notre monde manque de ces colonnes vertébrales, de ces hommes debout qui portent sur leurs épaules le poids des responsabilités, avec fidélité et courage. Pourtant, avant de bâtir le monde, un homme doit bâtir son monde : sa famille, sa foi, son engagement personnel. Un homme qui fuit son foyer, qui déserte son devoir d’état pour s’inventer une grandeur ailleurs, est un homme qui a déjà perdu son combat.
Un homme debout commence par être un homme enraciné
Trop souvent, l’homme moderne rêve de grandes batailles mais néglige celles qui se livrent à sa porte. Il veut sauver la société, mais il fuit les discussions avec son épouse. Il veut influencer le monde, mais il laisse ses enfants grandir sans lui. Or, le premier combat d’un homme n’est pas au-dehors, mais dans sa propre maison.
Regardez saint Joseph. Patron de l’Église universelle, il aurait pu être un héros flamboyant. Mais sa grandeur se joue dans l’ordinaire. Il ne cherche pas à briller, mais à être fidèle. Il est là, toujours là. C’est lui qui protège, qui veille, qui travaille, qui transmet. Sans lui, Marie et Jésus auraient été exposés aux dangers du monde. Joseph n’a pas sauvé l’humanité par des discours, mais en restant à sa place, en assumant son rôle de père et d’époux avec une constance inébranlable.
Il en va de même pour nous. Ce n’est pas dans des engagements extérieurs spectaculaires que nous serons des piliers, mais dans la fidélité aux petites choses : un foyer stable, une parole donnée et tenue, une prière qui structure la journée, une main tendue à ceux qui en ont besoin. L’homme viril n’est pas celui qui cherche la lumière, mais celui qui brille par sa présence, sa stabilité et sa persistance.
Bâtir la société sans voler la part qui revient aux siens
Une fois enraciné, l’homme peut alors s’engager pour le bien commun. Mais attention ! Il ne s’agit pas de se jeter dans l’action en oubliant ses responsabilités premières. Combien de grands patrons, de militants, de serviteurs de l’Église ont-ils brillé en public mais échoué dans l’essentiel : leur famille ?
Un homme qui sacrifie sa femme et ses enfants sur l’autel de ses ambitions n’est pas un héros, c’est un fuyard déguisé en bâtisseur. Un homme qui se lève pour son pays mais se couche devant ses caprices n’est pas un pilier, c’est un mirage, un écho dans la vallée.
L’engagement véritable commence par la vie intérieure. Un homme qui prie est un homme qui se fortifie. Un homme qui honore sa parole est un homme qui inspire. Un homme qui travaille avec droiture, sans tricher, sans chercher à écraser l’autre, est un homme qui construit. C’est ainsi qu’il mérite de se tenir debout, comme un ami et un frère du Christ, à l’heure de sa mort.
Nos héros du quotidien : les colonnes invisibles
Il est des héros qui ne font jamais la une des journaux. Ce sont ces pères qui, après une journée de labeur, prennent le temps de jouer avec leurs enfants au lieu de s’affaler devant un écran. Ce sont ces ouvriers qui accomplissent leur tâche avec honneur, même lorsqu’ils savent que personne ne les remerciera. Ce sont ces prêtres qui, dans des paroisses oubliées, continuent à célébrer la messe avec ferveur, même pour une poignée de fidèles. Ce sont eux qui tiennent le monde en équilibre car par le bien que je fais, j’élève le monde mais par le mal que je fais, je l’abaisse.
Regardez un pont : ce ne sont pas les arches visibles qui en assurent la solidité, mais les piliers enfouis sous terre. Ainsi en est-il des hommes qui bâtissent l’Église et la société : leur force est cachée, mais elle est indispensable.
L’histoire est remplie d’exemples de ces hommes qui, sans bruit, ont changé le cours des choses. Charles de Foucauld, ermite du désert, n’a pas fondé de grande œuvre de son vivant, mais il a semé des graines qui ont germé bien après sa mort. Pier Giorgio Frassati, jeune étudiant alpiniste, servait les pauvres dans l’anonymat. Lui qui semblait insignifiant a inspiré des générations entières.
C’est ainsi que se construisent les civilisations : non par des discours flamboyants, mais par des hommes d’actions fidèles dans l’ombre qui se nourrissent dans leur vie intérieure.
Un défi pour cette semaine
– Regardez votre vie et demandez-vous : suis-je un pilier pour les miens ou un courant d’air ?
– Identifiez une responsabilité que vous avez négligée et reprenez-la en main.
– Faites une action discrète mais forte pour le bien commun, sans attendre de reconnaissance.
Mes amis, un homme debout est un homme enraciné, un homme fidèle, un homme d’intériorité, un homme qui bâtit sans fuir. Que le Seigneur nous donne de devenir ces colonnes sur lesquelles repose l’Église et la société. Et qu’au dernier jour, nous puissions entendre ces mots : « Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton maître ».
Fraternellement vôtre,
Dr XY

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