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Cet enregistrement est proposé par Paul de Launoy, comédien, auteur, metteur en scène et formateur. Père de six enfants, Paul de Launoy a suivi sa formation dramatique au Cours René Simon (Paris). Avec la compagnie ARGILIS qu’il a créée en 2018, avec Frédéric Hamaide, il travaille régulièrement sur des projets pour le théâtre. Il enseigne depuis quelques années à l’ICES (Vendée) et à l’EM-Normandie (Dublin).
Mes chers amis,
Il est des cicatrices visibles et d’autres plus profondes, dissimulées sous l’armure d’un sourire ou d’un silence. Nous portons tous, à divers degrés, des blessures affectives, ces fêlures de l’âme héritées d’une parole dure, d’une absence, d’une trahison. Un homme qui ignore ses blessures en devient esclave. Un homme qui les affronte apprend à aimer en vérité.
Un homme peut traverser la vie en accumulant les rancœurs comme on entasse de vieilles dettes. Il y a ceux qui s’endurcissent, refusant d’aimer de peur d’être blessés à nouveau. Il y a ceux qui masquent leurs plaies sous l’humour, l’indifférence ou une agitation fébrile. Et puis, il y a ceux qui choisissent de guérir. Car guérir n’est pas oublier, c’est transformer la douleur en force, la colère en paix, la souffrance en sagesse.
Guérir des blessures du passé pour aimer librement
Un homme blessé et non guéri devient souvent un homme qui blesse à son tour. Comme un animal pris au piège qui mord par réflexe, nous risquons de transmettre à ceux que nous aimons les mêmes souffrances qui nous ont construits. Nous avons tous rencontré ces hommes dont la rudesse cache une immense peur, dont l’autorité excessive révèle une insécurité profonde. Ils exigent trop, car on a trop exigé d’eux. Ils aiment mal, car ils n’ont pas été aimés comme ils l’auraient mérité.
Prenons un exemple simple : celui d’un homme qui, enfant, n’a jamais reçu de reconnaissance de son père. Adulte, il se retrouve incapable d’encourager ses propres enfants, répétant ce qu’il a subi. Non par méchanceté, mais parce qu’il ne sait pas faire autrement. Ainsi, nous transmettons ce que nous n’avons pas guéri.
Mais la bonne nouvelle, c’est que ce qui a été détruit peut être reconstruit. L’histoire n’est pas écrite d’avance, et un homme chrétien ne se définit pas par ses blessures, mais par ce qu’il choisit d’en faire.
Alors, comment guérir ?
D’abord, en nommant la blessure. Il faut du courage pour affronter ses tourments au plus profonds de son être. Un homme qui refuse de voir son passé en reste prisonnier. Parfois, il faut creuser sous les couches d’orgueil ou de déni pour admettre que oui, nous avons été blessés, et que oui, cela nous affecte encore.
Ensuite, il faut décider de ne pas laisser cette blessure gouverner notre vie. L’homme viril ne se complaît pas dans son malheur. Il n’accuse pas éternellement les autres. Il ne passe pas sa vie à ressasser le passé comme un vieux disque rayé. Il choisit d’avancer.
Enfin, il faut remettre ses blessures entre les mains de Dieu. Trop souvent, nous voulons tout régler seuls, comme si guérir était une affaire de volonté pure. Mais certaines plaies sont trop profondes pour être pansées par nos propres forces. Seul Celui qui a tout donné sur la Croix peut nous apprendre à aimer malgré nos blessures.
L’importance du pardon
Ah, le pardon ! Ce mot qui fait grincer des dents, qui semble parfois impossible. « Je veux bien pardonner, mais pas à lui, pas à elle. Pas après ce qu’on m’a fait. » Et pourtant, tant que nous refusons de pardonner, nous restons attachés à notre bourreau.
Attention, pardonner ne signifie pas excuser. Ce n’est pas nier la gravité d’un acte, ce n’est pas dire que tout va bien alors que tout va mal. Pardonner, c’est refuser d’être défini par la blessure. C’est décider que notre joie ne dépendra pas d’une réparation qui ne viendra peut-être jamais.
Regardez le Christ en Croix : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34). Il ne dit pas que le mal commis est insignifiant. Il ne minimise pas l’injustice. Mais Il refuse que la haine ait le dernier mot.
Un homme qui pardonne est un homme libre. Il ne vit plus sous le poids de l’offense. Il n’attend plus que l’autre reconnaisse son tort pour avancer. Il lâche prise, il se détache, il se redresse.
Mais comment pardonner lorsque la blessure est encore vive ?
D’abord, en demandant la grâce de le vouloir. Parfois, nous ne sommes même pas prêts à envisager le pardon. Dans ces moments-là, il faut commencer par demander à Dieu de nous donner cette capacité. « Seigneur, je ne veux pas pardonner, mais aide-moi à le vouloir. » Et Il le fera. Ensuite, en priant pour celui qui nous a blessés. Ah, c’est difficile ! Mais il n’y a pas de meilleur remède à la rancune. Un homme qui prie pour son ennemi se guérit lui-même. Enfin, en décidant de ne plus ressasser l’offense. Pardonner ne signifie pas oublier, mais cela signifie ne plus laisser le mal nous empoisonner. Cela signifie arrêter de se rejouer la scène encore et encore dans notre tête, arrêter d’alimenter notre propre colère. Cela signifie : avancer.
Un défi pour cette semaine
- Identifiez une blessure du passé qui vous affecte encore. Demandez à Dieu la grâce de la nommer et de l’affronter.
- Réfléchissez à une personne que vous avez du mal à pardonner. Posez un premier acte concret : priez pour elle, même brièvement.
- Ne laissez pas vos blessures dicter votre manière d’aimer. Offrez un geste gratuit de tendresse ou d’encouragement, là où votre instinct aurait été de retenir.
Mes amis, l’homme véritable est celui qui choisit la liberté. Il ne traîne pas son passé comme un fardeau, il ne laisse pas ses blessures définir son avenir. Il apprend à aimer, non malgré ses cicatrices, mais à travers elles. Que le Christ, Lui qui a tout offert, nous enseigne cette force et cette paix.
Fraternellement vôtre,
Dr XY

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